Sur la piste du collier...

Une voix masculine endormie répondit derrière la porte.

"Bonjour. Vous voulez voir Dame Cyria d'Arah...Qui dois-je annoncer et quelle est donc la raison de votre visite monsieur ?"

"Bien monsieur. Veuillez patienter quelques instant."

Au bout de quelques minutes la porte s'ouvrit laissant voir un hall richement décoré.

L'homme qui tenait la porte était habillé d'un costume coloré mais sobre et portait une petite moustache. Il fit entrer le rôdeur dans un salon bien fournit en meuble très raffinés et en broderies de tout genre.
L'homme reprit de la même voix :

"Veuillez patienter ici je vous prie. Madame va vous recevoir."

L'homme laissa le rôdeur seul dans le salon de réception et descendit un escalier qui menait au sous-sol.

Quelques instants plus tard des pas se firent entendre dans l'escalier menant au premier étage. Des pas lents et mal assurés.
Une très vieille femme apparût alors dans l'encadrure de la porte du salon. Elle était richement vêtue. Elle portait des fourrures et un grand chapeau à fleurs.

"Bonjour monsieur. Je suis Cyria d'Arah. Vous êtes venu pour mon annonce ?" dit-elle d'une voix faible.

Un sourire radieux éclaira ce visage ridé. Cyria d'Arah s'approcha plus près du rôdeur.

"Vous êtes bien gentil de m'apporter votre aide. Installez vous, je vais vous raconter ce que je sais."

Elle lui proposa un siège en velours rouge et s'installa en face derrière un jeu de go. Elle posa son chapeau sur une table basse, révélant des cheveux blancs coiffés en chignon. De ses lèvres tremblantes elle prononça les paroles qui suivent :

"Voyez-vous le collier d'obsidienne que j'ai perdu il y a quelques temps m'a été offert par mon mari, décédé depuis quelques années, lors de son retour d'une guerre des guildes en Ascalon. C'était un très grand homme. Fort, robuste, qui n'avait peur de rien. Tenez voici un tableau le représentant."

Elle désigna le portrait d'un homme barbu au regard sévère accoudé sur un fauteuil de velours. Dame Cyria d'Arah soupira.

"Nous avons vécu de très belles années en Kryte, oh oui ! Mais où ai-je la tête...vous prendrez bien une petite tasse de lait de yack et des petits gâteaux !"

Elle appuya avec une force insoupçonnée sur une sonnette qui se trouvait à côté d'elle. L'homme au costume coloré apparu aussitôt :

"Patrick ! Allez donc me cherche mon lait et mes fleurs de dahlia !" lui ordonna-t-elle d'une voix sèche.

"Nous avons eu trois enfants ! Alicia, l'aînée, que vous voyez dans le petit protrait de droite, est devenue une grande dame d'Ascalon. Athares est devenu un grand prêtre de Melandru et Gontrand a fait une brillante carrière dans l'armée." Elle désigna le portrait d'un homme en arme au regard assuré.

Patrick revînt avec des petits gâteaux décorés de fleurs et une grande carafe de cristal contenant du lait frais. Il les déposa sur la petite table basse qui séparait le rôdeur de la vieille dame. Puis il redisparu aussitôt.

"Oh mais je vous en prie, servez-vous donc cher monsieur !"

Elle lui présenta l'assiette de gâteaux. Ses veines faisaient des grosses cordes sur ses avant-bras.

"Vous savez des personnes très importantes ont défilé dans cette maison. Des membres de la famille royale krytienne notamment ! J'ai même reçu la Princesse de Nasnyr voyez-vous ! Tant de bons souvenirs qui s'évaporent avec le temps..."

La vieille dame commençait à somnoler. Elle s'enfonça dans son fauteuil et ferma les yeux.

"Hum...hein...hum...un tout petit peu plus à gauche..." ronchonna la vieille femme.

Soudain elle ouvrit les yeux et regarda autour d'elle très brièvement l'air un peu affolé.

"Hein quoi ? Ohhhh...excusez-moi monsieur, je me suis assoupie..." fit-elle l'air embarrassée. "Je suis confuse...que disions-nous déjà ? Un collier ? Oui c'est ça vous étiez venu pour le collier."

Elle se massa la tête comme si le fait de se rappeler ces choses lui donnaient la migraine.

"Hum la dernière fois que j'ai vu ce collier c'était le jour où j'ai reçu une lettre de la princesse de Nasnyr. Hum un charmant jeune homme me l'a apportée. Et puis le soir quand j'ai voulu mettre mon collier pour sortir il n'était plus dans sa boîte. C'est tout ce dont je me souviens. Ah si attendez...la veille des colporteurs sont venus essayer de me vendre une de leurs babioles ! Ah quelle misère ces gens-là...Je suis sûr que c'est l'un deux qui a fait le coup ! Allez savoir où ils courent maintenant...

Avez-vous besoin d'informations supplémentaires pour votre enquête cher monsieur ?" dit-elle en découvrant des dents encore bien blanches.

La vieille dame prit une mine effarouchée.

"Oh que oui ! Des têtes pareilles ça ne s'oublie pas ! L'un était petit et chauve et portait le dessin d'un poignard sur son bras. C'était le chef de la bande apparament. Il y avait aussi une brute épaisse à longue barbe noire et une chose bizarre qui se cachait derrière son armure en cuir. C'était des êtres abjects oui vraiment. Quelle idée a eu Patrick de leur ouvrir la porte. Ah ce garçon n'a pas toute sa tête parfois.

Et reprit un gâteau et croqua violemment dedans. Puis elle se leva d'un bond et marcha rapidement en direction d'un bureau en bois sculpté.

"C'est tout ce dont je me souviens."